“Sortir du placard”
L’objectif de la politisation du coming out est qu’un jour, le plus proche possible, cette démarche ne soit plus nécessaire.
Nous aspirons à un monde où il ne sera même plus question de dire à nos proches ou à nos partenaires sportifs que l’on est bi, trans, lesbienne, non-binaire ou gay. Le coming out persiste parce que nous sommes constamment confrontés à une altérité, à une différence par rapport à la norme, à ce qui est attendu. La règle impose de sortir du placard indéfiniment, car l’hétérosexualité et le cisgenrisme sont souvent considérés comme la norme. Ainsi, faire son coming out demeure une étape incontournable. Peu importe qu’elle soit vécue positivement ou non, elle est toujours présente, tout comme ses conséquences.
Dans le monde du sport, sortir du placard revient souvent à mettre sa passion de côté. En effet, le sport constitue un espace hostile pour les personnes LGBTQI+. Cette hostilité s’exprime à travers des chants homophobes dans les stades, des insultes transphobes adressées aux sportives, des clichés lesbophobes liés aux sports collectifs, ainsi que par le voyeurisme médical malsain envers les athlètes intersexes. La sexualisation des athlètes bisexuels et la catégorisation forcée des personnes non-binaires en sont d’autres manifestations. Tout est fait pour nous faire comprendre que nous ne sommes pas à notre place, et cela fonctionne.
Ainsi, 15 % des personnes LGBTQI+ ont cessé de pratiquer un sport en raison d’une agression LGBTQIphobe. Ces personnes se voient privées de la possibilité de s’amuser, de se surpasser et de se sentir intégrées. Elles perdent l’opportunité de vivre leur passion ou simplement de mieux se connaître. C’est autant de talents gâchés et d’envies sportives réprimées, entraînant une perte de champions et de bénévoles dans diverses disciplines. Cela représente également des désirs étouffés par un regard jugeant et dévalorisant des corps, des genres et des sexualités qu’il refuse de reconnaître.
Lorsque l’on évoque ces actes, on pense souvent à des insultes directes ou à des violences physiques. Il est vrai qu’elles existent, mais il y a aussi des remarques désobligeantes, des exclusions sociales, des blagues : toutes ces violences que l’on considère futiles tant qu’on ne les subit pas. C’est l’ensemble de ce phénomène – des blagues dans les vestiaires aux violences à la sortie du club – qui témoigne d’une culture encore violente à notre égard. Nous voulons politiser cette réalité et la faire évoluer, afin que sortir du placard ne soit plus subi, mais devienne une véritable expression de soi. Avec optimisme, nous espérons que les seules sorties du placard seront celles des affaires de sport, et non plus des révélations sur nos préférences sexuelles ou nos identités de genre.
Annonceur : Fédération Sportive LGBT+
Rédaction : Aurèle PONTIER
Relecture : Florent TRAINAUD
Visuel : Agence ROSBEEF!